Né en 1985 de mère française et de père tunisien, Sofian Jouini passe ses premières années à Tunis avant de ré-immigrer avec ses parents. Le couple s’installe entre Nantes et Paris. Sofian est passionné par ses animaux, par la mer et les auteurs sud-américains, Garcia Marquez, Alvaro Mutis. Francisco Coloane. Il pratique tour à tour, le tennis, le judo, le rink-hockey, le volleyball, la plongée sous-marine et bien sûr un peu de foot. A quinze ans, il découvre la danse en marchant sur les traces de son grand-frère, et c’est le Breakdance qui va occuper la place la plus importante de sa vie pour les années à venir.
Il est formé par Yasmin Rahmani à l’école de danse HB2 puis par Aziz Tahar au sein de l’association C’West. Cette formation consiste en une transmission rigoureuse de la technique alliée à de très nombreux voyages aux Etats-Unis pour se former auprès des pionniers new-yorkais et californiens. Ainsi s’écoule une belle douzaine d’années, pendant lesquelles Sofian façonne son style au grès des influences et des rencontres, très vite il se détourne des compétitions.
De ses 19 à ses 30 ans, il crée des pièces avec ses amis du collectif KLP, allant peu à peu d’une écriture chorégraphique collective à une direction artistique assumée en solo, la bande de copains crée ensemble une dizaine de pièces et shows avant de naturellement tracer des chemins personnels différents.
A 26 ans, il ressent le besoin de redéfinir sa pratique corporelle, de sortir des cadres culturels dans lesquels il évoluait jusque là et de se retrouver. Il intègre alors à son quotidien la pratique du jiu jitsu brésilien et du mimétisme animal tantôt inspiré de l’observation même de la nature, tantôt des arts martiaux. Depuis 2014, il nourrit une obsession pour l’effet de l’environnement sur le corps et la psyché, la porosité de l’esprit et son reflux sur le corps, il travaille avec une classe de l’école nationale d’architecture avant de s’allier avec une amie architecte et oeuvrer pour une réhabilitation du corps et du sensible dans l’élaboration de la ville et des lieux de vie. Il reprend l’écriture, abandonnée à ses 21 ans au même titre que ses études de littérature hispanique. Il s’ouvre aussi à d’autres pratiques au grès des rencontres et des affinités, la musique soufi, qawwali, la mémoire cellulaire, la méditation, la transe. Il découvre le théâtre physique de Grotowski à l’été 2018, cette forme de pratique du corps et de l’esprit lui permet de baliser son expérience et de mettre en place des protocoles de recherche et de travail intimes, pertinents et efficaces.
Sa pratique est le récipient de son expérience et parcours de vie, on y retrouve ainsi l’écriture, la bi-multi culturalité, le travail au sol, la théâtralité et le travail de formes, ainsi que la mobilité humaine mais aussi animale(s) et une certaine sacralité laïque. Pour lui, le processus de recherche et le partage de celui-ci ne doivent pas être éclipsés par l’objet artistique final, il conçoit la pratique corporelle comme un lieu de croisement des différentes sciences et arts, par l’imaginaire et le sensible. En 2019, il créé « NATURES », l'aboutissement de 3 ans de recherche sur la sédentarisation et notre relation sociétale et intime à la nature, un solo à mi-chemin entre la danse et le théâtre physique dans lequel il interroge notre rapport au corps et à l'environnement construit et naturel.
Dans la suite de ce travail il initie une recherche sur la mémoire du corps et la transmission intergénérationnelle et inter-genre. Que reste-t-il en nous des mémoires de nos ancêtres ? Que reste-t-il en nous de la mémoire de nos ancêtres de l'autre sexe ? C'est le chemin de « JEDEYA » une pièce qu'il a prévu de sortir à l'hiver 2022 et qui pour l'instant l'emmène de chez sa grand-mère en Tunisie à un EHPAD du Finistère où il recueille des témoignages sur les modes de vie du début du siècle. Il partage aussi sa recherche et son protocole avec une classe de 6eme du collège Carnot à Dijon.
Depuis 2018 il a initié avec son collaborateur de longue date Guillaume Bariou un cycle de recherche autour des imaginaires de la catastrophe et des récits de fin du monde. La pratique artistique y est ici un creuset libérateur pour croiser, compiler, approfondir des sujets et des savoirs de tous horizons, Histoire, Sociologie, Architecture, urbanisme... Cet ouvrage porte le nom de Traum-A et n'a pas vocation à produire une pièce mais plutôt à croiser des savoirs et des témoignages et à déplacer chaque fois l'endroit des pratiques artistiques pour coller au mieux au enjeux de fond, du théâtre d'objet à la danse, de la cartographie au conte. C'est à Agadir que ce travail se concrétise depuis 2018 et il a pour vocation d'essaimer, de progresser en rizhomes. L'équipe qui au départ était constituée des 2 compères est désormais une cohorte de 5 personnes.
En 2018 toujours, il joue dans Radio On, une pièce de théâtre en mode drive-in dans lequel il incarne le personnage de Nathan, rêveur de free-partie mort dans un accident de voiture. Il évolue entre jeu théâtral et performance physique dansée, un solo survolté avec un pare-choc de voiture lui offre l'espace rêvé pour mixer danse/jeu/performance physique.
Il est soutenu par le Collectif FAIR-E / CCN de Rennes et de Bretagne ainsi que par le CDCN de Dijon et le 783 de la compagnie 29/27.